Ce ne sera donc pas pour cette fois. J’ai soutenu ma thèse fin novembre, puis ai été qualifié en 71e section début 2011. A alors commencé la recherche d’un poste de maître de conférences. Dans un contexte qui n’est pas ce qu’on pourrait désigner comme véritablement porteur pour l’emploi à l’université, les sciences de l’information et de la communication demeurent parmi les moins inaccessibles des disciplines, avec 45 postes offerts au recrutement cette année. Encore faut-il trouver un profil de poste auquel il paraît raisonnable de prétendre, et en la matière, mieux vaut être spécialisé en communication des organisations ou en technologies du web, secteurs qui constituent l’immense majorité des propositions. Quand on s’intéresse à la presse, plus particulièrement écrite, et plus particulièrement encore régionale, c’est pas gagné d’avance. Et quand sa thèse est une critique théorique (certes accompagnée d’un important travail de terrain) sur le concept d’espace public, ça se complique un peu.
J’ai quand même envoyé onze candidatures — dont une seule purement géographique —, et reçu trois invitations pour une audition : à Paris 8, Lyon 2 et Nice. J’y ai été classé respectivement deuxième, troisième et quatrième. Et assez logiquement, je n’ai eu aucun poste. Mais pas de regrets : troisième à Lyon où je pensais avoir foiré l’entretien à cause d’un impensable cafouillage qui m’a fait répondre complètement à côté d’une question toute simple, c’est une bonne nouvelle. Et deuxième à Paris 8, c’est un très bon classement, surtout sachant que la personne qui a été classé première avait un CV était quatre fois plus long que le mien, bien que ce soit également son premier poste de MCF. Accessoirement, cela montre que le candidat local, même s’il correspond au profil, n’est pas nécessairement préféré aux autres — en l’occurrence, l’injustice aurait été de me classer devant elle.
Passé donc la déception de ne pas avoir été recruté la première année, aucune amertume. J’ai des projets de publication, un contrat qui s’annonce pour l’automne, je ne m’ennuierai pas avant la prochaine campagne, et je pourrai profiter un peu de mon fils cette année. Sa première année à lui ayant été celle de la rédaction de ma thèse, je suis en manque. Le plus dur à avaler, dans cette histoire, c’est un à-côté auquel je ne m’attendais pas : l’impossibilité de donner des cours à partir de la rentrée. J’ai été ATER pendant deux ans, j’ai une année devant moi, c’est l’occasion rêvée pour avoir quelques charges de cours, et peut-être même pour aller voir ailleurs, enseigner dans une autre fac. Contacts pris à l’IUT de Lannion, cela semblait dans l’ordre du possible. Mais après une semaine d’interrogation des textes de loi, des services administratifs et d’un syndicat, balle peau. Je n’ai pas 900 heures de travail dans l’année malgré plusieurs contrats. Je ne suis pas chef d’entreprise et on ne peut pas faire semblant avec le statut d’auto-entrepreneur. Surprise du chef : être chômeur n’est pas dans les conditions permettant de décrocher des charges d’enseignement. En gros, si tu travailles déjà, tu peux travailler plus. Mais si tu ne travailles pas, alors tu ne peux pas travailler. Logique, non ?