Pour un blogueur, le Graal que l’on espère dénicher, ou plutôt l’échalote derrière laquelle on s’épuise à courir, c’est le buzz. Faire parler de soi : le rêve. Pour y parvenir, une bonne recette consiste à surfer sur une thématique à la mode en y ajoutant un brin de provocation encore inédit. C’est parfois extrêmement pénible à observer, mais cela doit certainement être agréable à vivre pour qui cherche à faire gonfler un peu ses chevilles. Le must, c’est de parvenir à faire le buzz sur internet en y crachant sa haine d’internet : cela ouvre immédiatement au blogueur les portes des médias traditionnels, ravis d’alimenter à peu de frais leurs préjugés sans se soucier de l’évidente contradiction que la démarche porte en elle : pourquoi accorder tant d’attention à sa célébrité sur le net, si on le déteste à ce point ((Bien qu’elle fût manifestement très critiquable, l’action du collectif Livres de papier lancée en 2010 contre les livres numériques avait au moins l’avantage de la cohérence, se manifestant à travers des affiches et un journal.)) ? Aussi ne pourra-t-on en vouloir à Loys Bonod de se féliciter d’avoir suscité, en quelques jours à peine, 500 000 visites d’un de ses billets, 90 000 « likes » sur Facebook, plus des reprises chez les pure players et dans les journaux papier, parlés ou télévisés. C’est un beau buzz, rien à dire.