20 ans, 41 numéros : Questions de communication fête une nouvelle décennie avec un volume d’anthologie. Au sens de « qui fera date », du moins espérons-le, pas au sens de best-of, ce qui n’est pas l’esprit de la revue, qui avait déjà célébré ses dix ans avec un exercice similaire. Plutôt que de bilan, il s’agit d’ouvrir le débat. Choisir dix questions croisant actualité et perspectives communicationnelles, leur apporter vingt réponses et des mises en perspective qui n’ont pas vocation à l’exhaustivité, mais au contraire à susciter la discussion.

Isabelle Garcin-Marrou et moi nous sommes occupés du premier chapitre de ce numéro, consacré aux discriminations et violences. Nous avons invité Erik Bleich (Middlebury College), qui analyse la couverture médiatique française du mouvement Black Lives Matter, et Ulrike Lune Riboni (Paris 8) qui, à partir de ses recherches sur les usages de la vidéo en contexte révolutionnaire, les pratiques de riot porn et la dénonciation des violences policières, critique la notion de « vidéo-activisme » pour lui préférer une étude des « mécanismes de politisation des images ».

Nous introduisons ces deux articles par une réflexion sur la présence des luttes sociales contemporaines dans les médias, en mettant les apports de Bleich et Riboni en lien avec d’autres recherches interrogeant, notamment dans une perspective intersectionnelle, les revendications de classe, de genre ou de race, ou encore les luttes environnementales. Nous procédons en trois temps, examinant d’abord les processus de légitimation des acteur·rices à l’origine des luttes et revendications, puis la manière dont leurs discours sont accueillis par les médias installés, et enfin le possible enrichissement des répertoires d’action collective auquel ils donnent lieu.

Tout ceci est évidemment à lire dans les pages de la revue, qui est bien sûr toujours disponible en papier… mais surtout, depuis ce numéro, la version en ligne est en accès libre intégral et sans barrière mobile ! Vous pouvez même choisir votre plateforme : OpenEdition Journals ou Cairn. Questions de communication n’a jamais eu autant de lecteur·ices, et on espère bien que ça va continuer longtemps !

The Independence of the News Media. Francophone Research on Media, Economics and Politics (Book cover)

Here is a short presentation of my book for the francophone reader. The English-speaking reader will find everything useful on the publisher's website.

Très heureux et un peu fier de vous annoncer la parution de The Independence of the News Media. Francophone Research on Media, Economics and Politics. C'est à la fois le premier livre que je dirige seul, et ma première publication de cette ampleur en anglais. Merci aux collègues du Crem qui m'ont accompagné: Jacques Walter pour l'impulsion initiale, et Céline Ségur pour le soutien mutuel pendant l'avancement du projet — c'est avec elle que j'avais dirigé Devenir public. Modalités et enjeux, et elle menait dans le même temps l'édition d'une autre somme chez le même éditeur, French Perspectives on Media, Participation and Audiences. Merci donc à Palgrave de l'accueillir dans sa collection Global Transformations in Media and Communication Research. Pas merci pour le tarif prohibitif, la prochaine fois promis, je publie en accès ouvert. Dans ce cas précis, cela aurait été possible, mais à condition d'allonger la bagatelle de 13 000€. Gloups : l'or, c'est cher, je préfère le diamant. Tiens, puisqu'on parle de gros sous : la traduction de l'ensemble et le terrain qui a mené à l'écriture du chapitre 3 ont été financés par l'ANR Collab sur le financement participatif dans les industries culturelles (ANR-14-CE24-0001), qui avait donné lieu à un volume que je vous présentais. La traduction a été réalisée avec précision et écoute par Coup de puce Expansion à Toulouse.

Bref : l'objectif de cet ouvrage est de présenter à un public non francophone les résultats de recherches récentes portant sur l'indépendance des médias. Recherche francophone, c'est-à-dire préalablement publiée en français, mais pas nécessairement portant sur la France ni sur des médias eux-mêmes francophones, puisqu'une partie est consacrée au monde arabe, et qu'on parle aussi du Québec dans une autre. Pour finir, un grand merci aux auteurices qui ont accepté de me confier leurs textes. Mon travail aura été de problématiser l'ouvrage, de sélectionner les textes et d'écrire pour chacun une introduction qui permet de les insérer dans leur champ de recherche et d'en préciser le contexte pour des lecteurices qui en seraient éloigné·es, et bien sûr de rédiger une introduction générale.

En voici le sommaire, avec pour chaque chapitre la source du texte original — ce pourquoi ce billet s'adresse aux francophones. Et pour conseiller le livre à vos ami·es anglophones (et à leurs bibliothèques), c'est ici.

1. Introduction
Loïc Ballarini (texte inédit)

Part I. Political Economy of the Media in the Age of Crowdfunding

2. Funding Print and Online News Media in France: Developments and Challenges
Franck Rebillard, 2018. « Le financement de la presse et de l’information en ligne en France. Evolution et enjeux », in Ballarini L., Costantini S., Kaiser M., Matthews J., Rouzé V. (dir.), Financement participatif: les nouveaux territoires du capitalisme, Questions de communication série Actes 38, pp. 97–106.

3. French Media: Can Crowdfunding Serve Pluralism?
Loïc Ballarini, Emmanuel Marty, Nikos Smyrnaios, « Médias français : le financement participatif au service du pluralisme ? », in Ballarini L., Costantini S., Kaiser M., Matthews J., Rouzé V. (dir.), Financement participatif: les nouveaux territoires du capitalisme, Questions de communication série Actes 38, pp. 107–128.

4. Crowdfunding: Does It Make a Significant Contribution to Community and Independent Media in Quebec?
Anne-Marie Brunelle et Michel Sénécal, 2018, « Financement participatif : un apport significatif pour les médias associatifs et indépendants québécois ? », in Ballarini L., Costantini S., Kaiser M., Matthews J., Rouzé V. (dir.), Financement participatif: les nouveaux territoires du capitalisme, Questions de communication série Actes 38, pp. 129-145.

Part II. Journalism and the Public Sphere

5. Audiences and Readership of Revolutionary Leftist Media: The “Media Leader” Hypothesis
Vincent Goulet, 2017, « Les médias de gauche révolutionnaires : l’hypothèse du “média-meneur”, in Ballarini L. et Ségur C. (dir.), Devenir public. Modalités et enjeux, Paris: Mare et Martin, pp. 115–145.

6. Occupation: “Net Cleaner”—The Socio-­economic Issues of Comment Moderation on French News Websites
Nikos Smyrnaios et Emmanuel Marty, 2017, « Profession “nettoyeur du net”. De la modération des commentaires sur les sites d’information français », Réseaux, 205, pp. 57–90. DOI: 10.3917/res.205.0057

7. The Local Press as a Medium to Create Diversion
Loïc Ballarini, 2008, « Presse locale, un média de diversion », Réseaux, 148–149, pp. 405–426. DOI: 10.3917/res.148.0405.

8. Media Coverage of the Coalbed Methane (CBM) Controversy in Lorraine, Northeast France: How the Regional Daily Press Boosted the Social Acceptability of an Unpopular Project
Marieke Stein (texte inédit, tiré de son travail d'HDR Les Controverses environnementales « vues d'en bas »)

Part III. Before and After the Revolution: Media in the MENA Region

9. The Transnationalisation of Information and Journalism: The Case of Arab Media
Tourya Guaaybess, 2017, « La transnationalisation de l’information et du journalisme : Le cas de la région arabe », in La circulation des productions culturelles : Cinémas, informations et séries télévisées dans les mondes arabes et musulmans, Rabat, Istanbul : Centre Jacques-Berque,DOI: 10.4000/books.cjb.1211

10. A Conditional Offer: The Strategies Employed in the Field of Power in Morocco to Control the Press Space
Abdelfettah Benchenna et Dominique Marchetti, 2020, « Une offre sous conditions. Les logiques contemporaines du champ du pouvoir marocain pour contrôler la presse nationale », in Kryzhanouski, Y., Marchetti, D., Ostromooukhova, B., L’invisibilisation de la censure. Les nouveaux modes de contrôle des productions culturelles (Bélarus, France, Maroc et Russie), Paris : Éditions Eur’Orbem, coll. « Études et travaux ».

11. The Algerian Press: Deregulation Under Pressure—The New Forms of Control or the “Invisible Hand” of the State
Cherif Dris, 2017. « La presse algérienne : une dérégulation sous contraintes », Questions de communication, 32, pp. 261–286, DOI: 10.4000/questionsdecommunication.11534

12. Tunisian Post-2011 Private Presses: Economic and Political Mutations
Enrique Klaus et Olivier Koch, 2017, « Les presses privées post-2011 en Tunisie: mutations économiques et politiques », Questions de communication, 32, pp. 287–306. DOI: 10.4000/questionsdecommunication.11547

13. Fortune and Misfortune of the Egyptian Private Press: Sociohistorical Study of a Place of Production of Information
Bachir Benaziz, 2017, « Fortune et infortune de la presse privée égyptienne. Socio-histoire d’un lieu de production de l’information », Questions de communication, 33, pp. 187–208. DOI: 10.4000/questionsdecommunication.12324

Aujourd'hui paraît un entretien au long cours avec le journaliste, écrivain et (web)documentariste David Dufresne. Merci à La Revue des médias d'avoir accepté que je dépasse allègrement leurs canons habituels de longueur – le triple de ce qui m'avait été accordé au départ ! Il me semblait en effet important de prendre le temps nécessaire pour faire le point sur la carrière de David Dufresne au moment où elle pouvait paraître prendre un tour étonnant avec la publication de son nouveau livre, Dernière sommation, qui n'est pas une enquête, mais un roman.

Pour comprendre ce cheminement, et entrevoir en quoi il est moins un revirement qu'une étape logique, il fallait revenir aux origines et emprunter les nombreux chemins de traverse d'un auteur des plus éclectiques. Pétri de références qui mélangent joyeusement le punk, le rap et Jacques Brel, nourri à la presse papier, embarqué de fraîche date dans un web nécessairement contestataire sur lequel il parviendra à faire naître aussi bien une superproduction multiprimée (Fort McMoney) qu'un jeu textuel pour smartphone (L'Infiltré), David Dufresne est aussi l'auteur d'enquêtes marquantes publiées sous forme livresque (Tarnac, magasin général), et de documentaires qui les prolongent (Le Pigalle).

Et quand les médias ferment les yeux sur les violences policières pendant les manifestations de gilets jaunes, il utilise Twitter comme un média d'investigation pour documenter les abus et combattre le déni journalistique et politique qui domine alors (Allô Place Beauvau). Le roman qui est tiré de cette veille n'est pas une manière de tourner le dos au journalisme ou d'en constater l'impuissance définitive, il est un moyen parmi tous les autres d'allier le fond et la forme, le sujet qu'il s'agit de défricher avec la façon de le raconter. Peu de journalistes ont à ce point expérimenté les modes de narration sans jamais perdre de leur pertinence: cela valait bien un entretien fleuve.

À La Revue des médias, le rédacteur en chef François Quinton a été un relecteur attentif et exigeant, Laszlo Perelstein un éditeur précis et rapide. Ce qui a été long, c'est le temps entre le premier entretien avec David Dufresne (en novembre 2019 à Metz, entre deux cours auprès des étudiants du MJMN et une rencontre à la libraire Autour du monde animée par l'impeccable Raymond Michel) et la publication, ce 17 juin 2020. Entretemps, il y a eu le confinement, qui apparaît aussi dans l'entretien, complété en mai pour y ajouter les 57 Corona-Chroniques quotidiennes publiées par David Dufresne sur son blog.

L'entretien est illustré par les photographies de deux étudiants du MJMN, Rémy Chanteloup pour le portrait, et Maxime Gonzales pour la rencontre entre David Dufresne et Zoé Linden qui, quelques semaines plus tôt, avait été contrôlée par la police en gare de Metz alors qu'elle lisait Dernière sommation.

Dernière précision : l'entretien a été relu par David Dufresne à ma demande. Oui, j'enseigne de ne pas le faire… sauf exception 😉 En voici une: un entretien long, réalisé en cinq fois dans trois lieux différents dont un très bruyant, avec un interviewé grippé et fatigué. Les corrections apportées ont concerné la forme et des précisions sur certains faits. Rien n'a été édulcoré, et ça se sent. Bonne lecture!

Financement participatif : les nouveaux territoires du capitalisme (couverture du livre)

Il est sorti ! Après trois ans et demi de recherches sur trois continents, et un beau colloque international de clôture à Metz l'an passé, l'ouvrage Financement participatif : les nouveaux territoires du capitalisme vient de paraître dans la série Actes de Questions de communication.

C'est l'aboutissement du programme de recherche Collab, financé par l'ANR et consacré au crowdfunding dans les industries culturelles. Le programme était dirigé par Vincent Rouzé (Paris 8, Cemti), secondé pour les axes de travail par Marc Kaiser (Paris 8, Cemti), Jacob Matthews (Paris 8, Cemti) et moi-même (Université de Lorraine, Crem). Stéphane Costantini (Paris 13, LabSIC) nous a accompagnés comme post-doctorant. Et nous nous y sommes mis tous les cinq pour diriger l'ouvrage. Tiré du colloque, il reprend des travaux de l'équipe Collab ainsi que des contributions d'autres chercheurs.

Au menu : tenter d'aller plus loin que les discours séduisants sur une revitalisation démocratique du financement de la culture. Suffit-il d'en appeler au peuple pour pallier le retrait progressif de l'État et des acteurs industriels ? Les logiques à l'œuvre rompent-elles vraiment avec ce qu'il est bien souvent commode de qualifier d'« ancien monde» ?

« L'idéal de la participation à l'épreuve des logiques capitalistes » : c'est le titre de l'introduction, et c'est en effet tout un programme… (photo Crem)
« L'idéal de la participation à l'épreuve des logiques capitalistes » : c'est le titre de l'introduction, et c'est en effet tout un programme… (photo Crem)

Financer la culture « sans intermédiaire », en donnant à tous les projets les mêmes chances de réussite: depuis une dizaine d'années, le financement participatif (ou crowdfunding, ou sociofinancement au Québec) est présenté comme le moyen qui permettra à la sagesse des foules de renouveler démocratiquement des industries en difficulté. Au-delà des discours prosélytes et laudatifs, que l'on retrouve aussi bien dans les médias que dans une littérature scientifique dominée par des guides de bonnes pratiques plutôt que par des analyses distanciées et critiques, les textes réunis replacent le financement participatif dans les évolutions contemporaines du capitalisme.

En voici le sommaire complet. Bonne lecture ! Et merci à tou·te·s les auteurs·ices, ainsi qu'au studio Edicom du Crem et en particulier à Rudy Hahusseau pour le suivi éditorial et la mise en pages… en couleurs, s'il vous plaît !

Sommaire

Présentation

  • Loïc Ballarini, Stéphane Costantini, Marc Kaiser, Jacob Matthews, Vincent Rouzé – L'idéal de la participation à l'épreuve des logiques capitalistes
  • Vincent Rouzé – Les plateformes de financement participatif culturel : l'avenir de la culture ?

1. Crowdfunding, communautés et expérience

  • D. E. Wittkower – For Love and Money: Community and the Ethics of Care in Crowdfunding
  • Caterina Foà, Chiara Moltrasio – Crowdfunding and Networked Platforms Exploring Col-labor-ation and Mediation for Value-Creation in Portuguese Crowdfunding Ecosystem
  • Sébastien Appiotti – Les usages du crowdfunding en contexte patrimonial (États-Unis/France). Vers une injonction transverse à la participation ?
  • Christiaan De Beukelaer, Kim-Marie Spence – Cinq perspectives sur l'économie culturelle mondiale

2. Économie politique du journalisme à l'heure du financement participatif

  • Franck Rebillard – Le financement de la presse et de l'information en ligne en France. Évolution et enjeux
  • Loïc Ballarini, Emmanuel Marty, Nikos Smyrnaios – Médias français : le financement participatif au service du pluralisme ?
  • Anne-Marie Brunelle, Michel Sénécal – Financement participatif : un apport significatif pour les médias associatifs et indépendants québécois ?

3. Le financement participatif face aux territoires et au patrimoine

  • Arnaud Anciaux, Philippe-Antoine Lupien – Au-delà du financement et du participatif. Les enjeux hors des objectifs assignés ou revendiqués par les plateformes
  • Gaëlle Crenn – Les territoires du crowdfunding muséal. Attachement patrimonial et rapports au territoire dans les opérations de crowdfunding muséal en France
  • Éric George, Simon Claus – Le financement participatif au Canada. Ce que nous enseigne l'analyse des pages d'accueil des plateformes

4. Crowdfunding : une alternative ?

  • Stéphane Costantini – Le financement participatif en Afrique subsaharienne. Porteur d'alternatives aux modèles dominants ou vecteur de déploiement des plateformes occidentales ?
  • David Z. Gehring – Industry, Values, and the Community Ethos of Crowdfunding within Neoliberal Capitalism. The Economic and Cultural Negotiations of Crowdfunding Campaigns
  • Jacob Matthews – Crowdfunding culturel : « There is no alternative »

Postface

  • David Pucheu – Le crowdfunding ou la glorification de la culture par projets

Retour vers le futur - « A portable television studio. »Très heureux d'avoir été sollicité par la revue Médiadoc pour un texte de synthèse sur les évolutions contemporaines du journalisme. Médiadoc est éditée par l'Association des professeurs documentalistes de l'Éducation nationale (APDEN) : merci à elle, et en particulier à Gildas Dimier, qui a supporté mes retards avec bienveillance, a été un relecteur attentif et a sélectionné les exemples d'activités pédagogiques qui accompagnent le papier.
Mon article s'appelle donc « Médias en crise, journalisme en réinvention ». Il est au sommaire du numéro 19 de Médiadoc ainsi qu'en libre consultation et téléchargement sur le site de la revue. Ce billet en reprend la bibliographie et la complète de références qui n'apparaissent pas dans l'article, principalement pour des raisons de lisibilité (il y a déjà trop de notes de bas de page), mais aussi de choix (on ne peut évidemment pas tout dire en un papier). Puisqu'elles ont nourri les réflexions ayant conduit à son écriture, les voici en partage.
(note : cette bibliographie est évidemment loin d'être exhaustive et est appelée à évoluer dans le temps ; des références scientifiques et journalistiques y sont mêlées)
(mis à jour le 3 janvier 2018 pour la parution de la revue)

Médias et information médiatique

Cagé Julia et Godechot Olivier (dir.), 2017. The Media Independence Project. Who Owns the Media?, SciencesPo/Reporters sans frontières.
Cagé Julia, Hervé Nicolas et Viaud Marie-Luce, 2017. L'Information à tout prix, Paris : INA éditions, coll. « Médias et humanités », 170 p.
Eustache Sophie et Trochet Jessica, 2017. « De l’information au piège à clics. Ce qui se cache derrière Melty, Konbini, Buzzfeed… », Le Monde diplomatique, août 2017, p. 21.
Fleury Béatrice et Walter Jacques (dir.), 2014. « État des recherches en SIC sur l’information médiatique », Revue française des sciences de l’information et de la communication, nº5.
Merzeau Louise, 2017. « Les fake news, miroir grossissant de luttes d’influences », Ina Global, mis en ligne le 19/05/2017.
Ringoot Roselyne, 2004. «  Discours journalistique : analyser le discours de la presse au prisme de la ligne éditoriale », in Ringoot Roselyne et Robert-Demontrond Philippe, L'Analyse de discours, Rennes : Apogée.
« Médias français : qui possède quoi », infographie régulièrement mise à jour par Le Monde Diplomatique.

Écosystème numérique

Ertzscheid Olivier, 2016. « Un algorithme est un éditorialiste comme un autre », affordance.info, mis en ligne le 15/11/2016.
Pignard-Cheynel Nathalie, Richard Jessica et Rumignani Marie, 2017. « Au-delà du mur : l'algorithme de Facebook mis à l'épreuve », The Conversation France, mis en ligne le 25/09/2017.
Smyrnaios Nikos, 2017. Les GAFAM contre l'Internet. Une économie politique du numérique, Paris : INA éditions, coll. « Études et controverses ».

Journalisme (pratiques, profession, conditions de travail…)

Accardo Alain (dir.), 2007. Journalistes précaires, journalistes au quotidien, Marseille : Agone, 896 p.
Le Bohec Jacques, 2000. Les Mythes professionnels des journalistes, Paris : L'Harmattan, 396 p.
Reporters sans frontières. Le Classement mondial de la liberté de la presse.
Ringoot Roselyne et Utard Jean-Michel (dir.), 2006. Le journalisme en invention. Nouvelles pratiques, nouveaux acteurs, Rennes : Presses universitaires de Rennes, coll. « Res Publica », 218 p.
Ruellan Denis, 2007. Le Journalisme ou le professionnalisme du flou, Grenoble : Presses Universitaires de Grenoble, 2007.

Journalistes (statistiques, parcours)

CCIJP (Commission de la carte d’identité des journalistes professionnels), 2017. 35238 cartes attribuées en 2016.
CCIJP, Conditions d'attribution de la carte professionnelle.
Da Lage Olivier, 2011. Obtenir sa carte de presse et la conserver, Paris : Victoires Éditions, coll. « Métier journaliste », 2e éd., 202 p., 15€.
IFP/Carism, 2017. L'Insertion et les parcours professionnels des diplômés de formations en journalisme, 146 p.
Leteinturier Christine (dir.), 2014. Les Journalistes français et leur environnement : 1990-2012. Le cas de la presse d’information générale et politique, Paris : Éd. Panthéon-Assas, 240 p., 35€. Lire ici ma note de lecture.
Leteinturier Christine et Frisque Cégolène (dir.), 2015. Les Espaces professionnels des journalistes. Des corpus quantitatifs aux analyses qualitatives, Paris : Éd. Panthéon-Assas, 226 p., 27€.

Diffusion des médias

Mesure des audiences de la télévision, de la radio et d'Internet : Médiamétrie, dont le Médiamat annuel 2016.

Mesure de la diffusion de la presse écrite et d'Internet : ACPM.
Audience, diffusion, chiffre d'affaires : statistiques en open data du ministère de la Culture et de la communication.

En y réfléchissant, je suis déjà tombé sur ce fameux ((Les Allemands ont un mot particulier pour ce contexte : berüchtigt, qui signifie quelque chose comme « négativement fameux », mais en plus savoureux que notre « tristement célèbre ».))  site qui fait tant parler de lui ces derniers temps, j'ai nommé Refdoc (INIST, unité du CNRS). Au hasard d'une recherche sur internet, pour retrouver une référence ou consulter un article, je ne sais plus. Arrivé sur le site, l'étonnement : c'est présenté comme une base de données de références, mais on se rend vite compte que l'objectif premier est de vendre, qui plus est fort cher, des photocopies d'articles. Un peu énervé et dérouté, j'avais fermé l'onglet et rapidement classé Refdoc quelque part dans le coin de ma tête où se situe la rubrique « Même si ce site remonte dans une recherche sur ton moteur préféré, passe ton chemin sans cliquer. » Je dois donc faire partie de ces milliers de chercheurs qui ne s'étaient pas posé plus de questions que ça à propos de Refdoc. J'avais tort.
Heureusement qu'Olivier Ertzscheid est venu nous secouer les puces ce lundi 1er octobre, en publiant une salutaire et énervée Lettre à l'INIST, qui remet en avant une question qui m'avait échappé (voir plus haut), mais qui n'est malheureusement pas nouvelle. Je cite ci-dessous Rémi Mathis, qui résume fort bien la situation (l'histoire complète étant à lire dans son billet) :

« Une unité du CNRS, l’INIST, vend à un prix démesuré (jusqu’à plus de 50 euros) des articles scientifiques par ailleurs souvent disponibles de manière libre et gratuite. Elle a été condamnée pour ce fait et n’ignore rien de l’illégalité du procédé. Elle continue pourtant, à l’encontre de la volonté de la communauté des chercheurs. Nous appelons à un arrêt de ces pratiques qui vont à l’encontre de l’open access, par ailleurs prêché (à raison) par le même CNRS. »

Ça fait froid dans le dos, hérisse le poil et fait bondir au plafond ! Et puisque les SIC sont interdisciplinaires, ajoutons à l'histoire un peu de droit : Lionel Maurel/Calimaq explique ici très bien que les pratiques de l'INIST posent deux problèmes :

  • D'une part parce que l'INIST vend des photocopies d'articles de revue sans que jamais l'autorisation des auteurs, pourtant requise par la loi, n'ait été demandée. L'INIST sait parfaitement que c'est illégal, mais s'asseoit tranquillement sur la décision de justice et fait comme si de rien n'était.
  • D'autre part parce qu'un certain nombre des articles proposés à la vente par Refdoc est disponible ailleurs en accès libre, notamment sur HAL (autre initiative du CNRS), mais pas seulement. Et que l'INIST se garde bien de le faire savoir à ses potentiels clients.

Faites donc l'expérience : recherchez votre nom dans la base de données Refdoc, et faites le compte. En ce qui me concerne, deux articles, dont un est effectivement disponible sur HAL. On peut même les commander en photocopie couleur (ce qui coûte alors plus cher que le numéro entier de la revue papier…), alors qu'ils sont parus à l'origine en noir et blanc. Magie de l'entourloupe institutionnalisée ! Scandale juridique et scientifique, surtout.
Alors, qu'est-ce qu'on fait ? On ferme son navigateur, on reprend son calame et sa tablette d'argile en attendant que la tempête passe ? C'est ce qu'a l'air de faire l'INIST, qui n'entend pas les chercheurs gronder, et fait de nouveau comme si de rien n'était (ou presque, mais c'est pire). Non, ce qu'il faut faire, c'est retenir les résultats de la recherche sur Refdoc, et demander le retrait des articles concernés ici, sur cette page du site SavoirsCom1 ((Poussé par cette vague de soutien à une diffusion large et gratuite des productions scientifiques, on peut aussi en profiter pour lire, et signer, le Manifeste de SavoirsCom1.)). Puis en profiter pour signer la pétition. Et se tenir prêt à montrer à l'INIST de quel bois on se chauffe, au cas où ça ne suffirait pas…

Quelle aventure ! Voici qu’est enfin publiée, aujourd’hui, par Lectures, ma recension du dernier ouvrage de Bernard Miège, L’Espace public contemporain. L’auteur entend y donner une forme achevée à ses réflexions sur ce concept, fondé par Jürgen Habermas au début des années 1960, afin d’en faire un outil utile à la recherche portant sur le monde contemporain. Mais pourquoi une aventure ? C’est surtout de ma faute, et un peu de celle de Miège. De la mienne : j’ai mis (trop) longtemps à lire ce livre. De celle de Miège : c’est péniblement écrit, et (retour de ma culpabilité) j’ai dû m’y reprendre plusieurs fois pour trouver la motivation d’arriver au bout. Or, quand on demande à faire une recension pour Lectures, on s’engage à la faire dans le mois suivant la réception de l’ouvrage, qui est envoyé gratuitement. J’ai mis à peu près cinq fois la durée accordée. Et j’ai rendu un article très (trop ?) long. La rédaction de Lectures a été sympa, et a accepté de le publier, à condition d’en enlever la moitié.

Cette moitié qui manque, elle était importante à mes yeux, mais disons qu’elle ne l’était pas autant que celle qui est publiée ; alors ça va. D’autant que les échanges et corrections par mail ont été très cordiaux et m’ont permis d’améliorer certaines parties du texte. Dans un autre contexte, on parlerait d’une relation gagnant-gagnant. J’ai donc supprimé de l’article une longue introduction résumant les publications précédentes de Miège sur l’espace public. Puis tout ce qui concernait les aspects formels du livre : problèmes de références erronées, ou qui sont appelées dans le texte sans être présentes en biblio, ainsi que des défauts de mise en page qui empêchent de bien repérer les deux interventions extérieures sollicitées par l’auteur.

Manque également un aspect plus éthique. Miège semble en effet avoir adopté une étrange politique, qui le conduit à ne citer que des auteurs avec lesquels il est globalement en accord, tandis que ceux qu’il considère comme ses adversaires théoriques n’ont droit qu’à des sous-entendus délégitimants, qui tiennent plus de l’argument d’autorité que de la démonstration. Il fait ainsi régulièrement allusion à « la » philosophie politique comme ayant une vision par trop limitée de l’espace public — comme s’il n’existait dans cette discipline pas de courants ou d’écoles de pensée différentes. La mention « nombre d’auteurs… » revient aussi fréquemment, sans qu’aucun ne soit cité. Lorsqu’il aborde la question de la fragmentation ou de l’unicité de l’espace public, il indique : « le “nouvel” espace public n’a pas encore donné lieu à des formulations satisfaisantes » (p. 54). Sans indiquer qu’il renvoie ici à un numéro d’Hermès portant ce titre ((Dorine Bregman, Daniel Dayan, Dominique Wolton (coord.), 1989. « Le nouvel espace public », Hermès, n° 4, Paris : Éditions du CNRS, en ligne : http://documents.irevues.inist.fr/handle/2042/15096.)). Cela est d’autant plus étonnant qu’un des articles que Miège a publiés en 1995 sur l’espace public contenait une critique mordante de ce numéro, et en particulier des articles qu’y signait Dominique Wolton ((Bernard Miège, 1995. « L’espace public : au-delà de la sphère politique », Hermès nº 17-18, p. 49-62, en ligne : http://hdl.handle.net/2042/15207. Mordante, la critique était également aussi savoureuse que polémique, Miège expliquant dans Hermès en quoi la pensée du directeur d’Hermès était beaucoup trop limitée pour pouvoir prétendre apporter quelque chose de nouveau au concept d’espace public.)). Dommage d’avoir réduit cette dimension du débat, qui demeure pourtant pertinente aujourd’hui, à une simple allusion cryptée.

À plusieurs reprises, Miège paraît même tenir pour négligeable de citer ses sources. Ainsi affirme-t-il : « Point besoin de revenir sur la question controversée de l’innovation qui est ainsi engagée et qui est loin d’être achevée, ou de faire référence à la multitude de travaux qui se sont donnés pour but d’aider à s’y retrouver dans le dédale des usages prescrits et effectifs » (p. 130). Et, ce qui pourrait être considéré comme un sommet du genre : « La liste est longue des constats formulés par divers auteurs concernant aussi bien des pratiques individuelles que le fonctionnement d’organisations ou de différents champs sociaux. Qu’il suffise de faire état ici… » (p. 165, suit une liste de phénomènes sans référence). Certes, cette méthode permet d’alléger la bibliographie, et de se passer de notes de bas de page. Mais quelle perte pour le lecteur ! Ce choix est d’autant plus difficile à comprendre qu’on ne doute pas un instant que Miège ait bien lu tous ces auteurs auxquels il ne renvoie pas. Est-ce alors par volonté de contenir le volume de son ouvrage (230 p.) ? Pourtant, nombre de cas auraient pu être tranchés par la mention de deux ou trois ouvrages représentatifs du courant abordé, accompagnées de quelques lignes d’explication. Et s’il avait fallu ajouter cinquante pages pour expliciter en détail quels aspects des conceptions contemporaines de l’espace public il s’agit de conserver ou de récuser, alors le livre aurait pu être cette synthèse que son titre et son introduction laissaient attendre.

D’autant plus que, lorsque leurs auteurs vont dans son sens, Miège n’hésite pas à consacrer quelques pages à l’examen d’écrits sur lesquels il appuie son argumentation. Mais l’embarras s’ajoute à la gêne, quand on constate que ceux à qui il accorde le plus de place, c’est-à-dire cinq thèses de doctorat, présentées au chapitre 1 (p. 36-41), ont toutes été dirigées par lui-même, sans qu’il en soit non plus fait mention. Cependant, et bien s’il s’agisse là d’un comportement bien éloigné du recul, de la précision et de l’honnêteté que l’on serait en droit d’attendre d’une publication de ce calibre, là n’est pas l’essentiel ((Je viens pourtant de vous l’infliger, comme quoi vous êtes conciliants.)). L’essentiel réside dans les arguments de Miège pour défendre sa vision de l’espace public, et, je l’espère, dans ceux que je lui oppose.

Je n’ai jamais vraiment prêté attention au magazine Médias. C’est sans doute un tort, pour quelqu’un dont un des objets de recherche est précisément… les médias. Mais ce sont surtout les médias régionaux qui m’intéressent, et Médias n’en parle guère. Surtout, ses couvertures racoleuses, et ses sommaires bien loin de la vision critique que j’en attendais, m’ont toujours rebuté. Pourtant, Médias accueille dans ses pages la revue MédiaMorphoses, éditée précédemment par l’INA, et qui clôt désormais chaque livraison du trimestriel. Ce qui donne une incontestable légitimité scientifique à Médias, mais n’est pas sans poser problème en retour, quand on se penche — enfin — sur la nature de ce magazine.

L’occasion de le faire m’en a été donnée par une conjonction d’événements. D’abord la proposition de participer à un numéro de MédiaMorphoses consacré à la liberté de la presse, et dans lequel j’étais invité à rendre compte de ce que mon travail de thèse avait bien pu faire ressortir à ce sujet, sur le thème des relations entre la presse régionale et ses lecteurs. Court article (quatre pages), mais l’occasion de publier dans une revue dont la cible ambitionne le grand public sans le sacrifier à la qualité du travail ((Il y a un comité de lecture, et chaque dossier est coordonné et écrit par des universitaires.)) ne se refuse pas.

L’autre événement, ce sont les déclarations de Robert Ménard qui « comprend sur un certain nombre de points les électeurs du Front National. » Lisant ça le jour où j’envoie mon article à MédiaMorphoses, j’apprends du même coup que l’ancien dirigeant de Reporters sans frontières, connu pour ses coups médiatiques en faveur de la liberté de la presse, a récemment fait l’apologie de la peine de mort et qu’il publie, avec Emmanuelle Duverger, un petit livre intitulé Vive Le Pen !, dont le titre n’est manifestement pas tout à fait pour rire.

Et alors ? Alors il se trouve que Robert Ménard  est directeur de la rédaction de Médias, et Emmanuelle Duverger sa rédactrice en chef. Donc je vais écrire dans un journal d’extrême droite. Comme première occasion de faire de la vulgarisation scientifique de mes recherches, on ne pouvait rêver plus… vulgaire. Passé le haut-le-cœur, je me reprends. Je me suis engagé à faire un article, je le fais (de toute façon il est envoyé). Et puis il paraîtra dans le cahier MédiaMorphoses, qui possède sa propre direction de la rédaction et son propre comité de lecture, bien distinct de Médias. Et, qui sait, Médias n’est peut-être pas si pire que ça ?

Eh bien si. C’est même assez pire, pour tout dire. J’ai reçu le numéro de Médias contenant le cahier MédiaMorphoses contenant mon papier ((Vous suivez ? J’insiste un peu, mais je ne voudrais vraiment pas que l’on croie que j’ai écrit dans Médias…)). En une : Guillaume Durand qui déclare sans rire qu’«on ne souhaite pas que je me mêle de la présidentielle », comme s’il y en avait encore pour croire que Guillaume Durand peut nuire aux puissants alors que son gagne-pain est justement de les servir. Mais qui peut l’affirmer sans crainte d’être contredit au cours d’une interview tout ce qu’il y a de convenue, conduite par Emmanuelle Duverger. Toujours en une : Élisabeth Lévy, fondatrice de Causeur, qui lance : « Le pluralisme est étranger à l’ADN de la gauche. » Quand on lit les propos tranquillement extrémistes de la dame, déroulés sans que ses intervieweurs (Ménard et Duverger, justement) y trouvent à redire, on reste fasciné devant la capacité apparemment sans limite qu’ont les réactionnaires de notre temps d’utiliser une terminologie de gauche à l’exact opposé de sa signification politique.

Vous en voulez encore ? Il y a aussi, dans ce numéro de Médias, une très complaisante interview de Jacques Vergès, menée également par Ménard et Duverger. La chronique de Robert Redeker, dont on se demande comment il peut être philosophe en haïssant autant ceux qui ne lui ressemblent pas. Le Carnet de notes de Philippe Bilger qui, quand il n’est pas totalement creux, est juste insupportable de morgue conservatrice. J’arrête là avant la nausée. À quoi cela sert-il de se ronger les sangs, de toute façon ? Je n’ai pas écrit dans Médias, j’ai écrit dans MédiaMorphoses. Je n’ai pas écrit dans Médias, j’ai écrit dans MédiaMorphoses. Je n’ai pas écrit dans Médias, j’ai écrit dans MédiaMorphoses. Je n’ai pas écrit dans Médias, j’ai écrit dans MédiaMorphoses

Romeyer Hélène (dir.), 2010. La santé dans l’espace public, Rennes : Presses de l’École des hautes études en santé publique, coll. « communication santé social »Mon article « Construction et orientation du débat public : l’établissement d’un discours dominant sur la qualité des soins à travers les “Palmarès des hôpitaux” », publié dans le livre La Santé dans l’espace public dirigé par Hélène Romeyer, est désormais disponible sur HAL.

Ce texte interroge le rôle des palmarès des hôpitaux, publiés en France depuis 1998, en tant qu’éléments de construction des enjeux du débat public autour de la qualité des soins. J’y examine les conditions de naissance et d’évolution des palmarès à la lumière des relations entre le champ de la santé et celui des médias. Destiné à consacrer une certaine forme d’excellence liée à une rationalité technique et économique, ce type d’enquête est rendu possible par l’établissement de liens privilégiés entre un groupe de journalistes et de médecins qui partagent une vision de l’hôpital conçu comme une entreprise devant avant tout être rentable.

L’analyse détaillée du contenu et des sources du premier de ces palmarès fait apparaître un arrière-plan idéologique bien éloigné de l’idéal de transparence revendiqué par ses auteurs. L’étude de sa réception par la presse de l’époque montre pourtant que le « coup » médiatique a parfaitement fonctionné, puisque ni la méthodologie des palmarès, ni les présupposés qui président à leur élaboration, ni l’évidente proximité de leurs conclusions avec l’évolution des politiques publiques de gestion de la santé n’ont jamais été discutés.

Replacer l’étude des palmarès des hôpitaux dans le contexte plus général des réformes néolibérales conduit in fine à s’interroger sur les processus de mise en place et d’animation d’un espace public partiel (concernant la qualité des soins) et partial (traversé par un discours présenté comme naturel et hétérodoxe, mais orienté en fonction d’intérêts particuliers et dont la vocation est d’imposer une vision dominante).